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Un road trip en Talbot

10 juin 2019

De tous les surnoms qu’ont pu recevoir certains modèles de voiture au cours de l’histoire automobile, aucun ne semble mieux trouvé que la Goutte d’Eau pour qualifier la Tablot T150C SS. Elle était à l’époque la voiture la plus chère du monde, et reste à ce jour l’une des plus chères sur le marché de l’occasion. Élitiste, rapide et pensée pour séduire sous tous les angles, elle fait partie des rares modèles à pouvoir prétendre au titre de voiture la plus recherchée de l’histoire de l’automobile. Et aujourd’hui, on vous la présente. La Talbot T150C SS est aussi l’exemple ultime de l’engouement des années 1930 pour le profilage. Une période brève, mais faste, qui plaçait forme et fonction sur un pied d’égalité. C’était une voiture de course pour les pilotes qui ne se souciaient pas que de course, pour ceux qui, une fois la course terminée, voulaient inscrire leur bolide tout en courbes au concours d’élégance. Elle existait en deux versions: cinq coupés tricorps baptisés « Jeancart », et onze « fastbacks » baptisés « New York ». Chaque modèle était unique, avec des finitions conformes aux caprices de son propriétaire. La Goutte d’Eau, dont la carrosserie futuriste a durablement marqué les esprits, était née d’une collaboration entre le designer Giuseppe Figoni et l’homme d’affaires Ovidio Falaschi, qui s’étaient associés en 1935 pour créer la société de carrosserie parisienne figoni et Falaschi. Véritable manifeste contre l’esthétique carrée des années 1920, elle était pour ainsi dire dépourvue de ligne droite. Figoni se vantait même d’être parvenu à créer la « vitesse immobile ». Tout n’était cependant pas affaire de look. Elle possédait une carrosserie légère, des suspensions frontales indépendantes et un moteur signé Antonio Lago et Walter Becchia de 6 cylindres pour 104 kilowatts, suffisant pour monter sur le podium du Mans en 1938. Véritable apothéose en matière de design, le Goutte d’Eau a véritablement élevé l’automobile au rang d’art à part entière.