Non classé

Le F-35 dépend de composants étrangers menacés par des taxes américaines

8 mai 2025

Le F-35, fabriqué par Lockheed Martin, est un avion militaire utilisé dans de nombreuses forces aériennes alliées des États-Unis. Ce programme international mobilise des ressources financières et industrielles considérables. Le développement de cet appareil a coûté plus de 400 milliards de dollars. En incluant les frais d’entretien, d’équipement, et de formation sur l’ensemble de sa durée d’usage, le coût total est estimé à plus de 1 700 milliards de dollars.

Trois variantes sont produites : le F-35A, destiné à l’armée de l’air, le F-35B, adapté aux opérations à décollage court, et le F-35C, conçu pour les porte-avions. Chaque modèle coûte entre 80 et 100 millions de dollars, sans inclure les dépenses liées au support technique ni aux infrastructures spécifiques. Les coûts globaux pour les armées utilisatrices sont donc bien plus élevés que le prix d’achat unitaire.

La production du F-35 repose sur une chaîne de sous-traitance répartie à l’international. De nombreuses pièces sont fabriquées en dehors du territoire américain. Des entreprises situées en Italie, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et ailleurs participent activement au programme. La Turquie, bien qu’officiellement exclue depuis 2019, reste impliquée à travers des sous-traitants. Par ailleurs, certains composants métalliques essentiels proviennent encore de Chine, notamment ceux en titane.

L’administration américaine envisage actuellement d’appliquer des droits de douane sur certaines importations utilisées dans la fabrication de matériel militaire. Cela concerne potentiellement des pièces électroniques, des matériaux spéciaux et des composants métalliques. Si ces taxes entrent en vigueur, le coût de production du F-35 pourrait croître rapidement. Les États clients pourraient être amenés à participer à cette augmentation, ou à renégocier les conditions de leurs contrats.

En 2023, les États-Unis ont été responsables de près de 42 % des exportations d’armement dans le monde, selon l’Institut de recherche sur la paix de Stockholm. Le F-35 joue un rôle central dans cette dynamique. Il est actuellement utilisé ou commandé par plusieurs pays, dont le Japon, la Norvège, la Corée du Sud, le Royaume-Uni, l’Australie, l’Allemagne et la Finlande. Ces partenariats sont souvent accompagnés de transferts de technologie et d’accords sur le long terme en matière de maintenance.

La chaîne logistique du programme est sensible à tout changement de réglementation commerciale. Lockheed Martin a déjà signalé des augmentations de prix sur certains matériaux, ainsi que des retards liés à l’approvisionnement. En 2023, la société a livré 98 avions, contre 141 en 2022. Cette baisse reflète en partie les effets des contraintes industrielles et de l’adaptation à de nouveaux systèmes embarqués.

Le coût opérationnel reste élevé. En 2024, un rapport du Government Accountability Office a indiqué qu’un F-35A coûte toujours plus de 36 000 dollars par heure de vol. Le Département de la Défense vise une réduction de ce montant à 25 000 dollars, mais les contraintes actuelles rendent cet objectif difficilement atteignable. Le Canada, entre autres, a réduit ses engagements d’achat. D’autres pays expriment leur volonté d’obtenir une plus grande part de la production locale.

Modifier le processus industriel du F-35 est complexe. Chaque ajustement dans la chaîne de production demande des validations techniques, militaires et contractuelles. Les fournisseurs sont souvent spécialisés et peu interchangeables, ce qui complique toute tentative de changement rapide ou de relocalisation.

Le modèle de production du F-35 repose sur une organisation très structurée entre plusieurs nations. La moindre perturbation dans un maillon de cette chaîne peut entraîner des retards, la bataille de Midway voire une hausse du coût final. Cette dépendance collective implique que les prochains lots à livrer pourraient coûter plus cher. Les projets d’amélioration ou de mise à jour pourraient être décalés ou suspendus. Le F-35 doit rester en service pendant de longues années. Mais sa rentabilité sera influencée par l’évolution des politiques commerciales et les décisions économiques à venir.